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Logorrhée rouge et noire
22 juillet 2010

La créativité et la spontanéité comme ennemies de l'Etat.

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Image tirée de : http://membres.multimania.fr/affichagelibre/

La thèse énoncée dans le titre de ce billet mériterait des pages et des pages. Elle m'est venue à force de côtoyer des artistes non conventionnels, à force de m'essayer à la culture de la musique libre, ou encore du punk. Je n'ai pas pour ambition de l'étayer ici d'arguments, tant cela serait illisible et tant elle tout encore trop flou pour être bien formulé.

Toujours est-il que j'ai un premier exemple.
Je laisse ici la parole aux artistes et habitants de la friche rvi, ancienne usine Renault Véhicule Industriels, occupée tout d'abord de manière illégale avant de voir la mise en place d'une convention entre la dite mairie et le CFA (Collectif Friche Autogérée) représentant l'ensemble des associations présentes sur place. Aujourd'hui, ce lieu est menacé d'expulsion, sans proposition de logement adéquate, disséminant ainsi aux 4 coins de la ville (Lyon) un lieu d'échange, de création et d'expérimentation.

L'usine Renault-Berliet de Lyon a produit des véhicules industriels de 1902 à 1998. Depuis 2002, des collectifs de toute sortes occupent ces hangars.
Aujourd'hui les lieux sont transformés de fond en comble jusqu'à ressembler à un incroyable village abritant militants, artistes, dissidents et autres rêveurs de toute sorte
Aujourd'hui la mairie tente d'expulser ce lieu unique même si il faut pour ça rompre les conventions établies et ne faire peu de cas de leur propre législation
Le Grand Lyon possède un parc immobilier vacant immense. Ils ont la capacité de reloger 12 friches sans difficultés.
Pour autant ils ne proposent qu'un bâtiment de 3500 m². Bâtiment qui, publiquement, servira d'alibi face à l'opinion et qui, réellement, relève de l'absurdité.
Cette volonté de disperser et de dissoudre la force de la Friche RVI est assez simple à comprendre.
Nous ne voulons pas être rentables et, en cela, nous ne pouvons en aucun cas satisfaire les ambitions individuelles des acteurs de cette politique.
Plus profondément dans notre société actuelle, société de surveillance, société d'uniformisation, société d'hopitaux-prisons, de prisons pour mineurs, de prisons pour étrangers, etc... « Leur » culture ne doit être qu'un divertissement marchand et rien d'autre.
Toute forme d'intervention ou de création qui parle de sentiments, de sensations, d'espaces, de temps, de son, d'humour, d'images, etc... n'ont pas intérêt a s'aventurer imprudemment sur un plan social et politique.
Volontairement ou non, nos pratiques déstabilisent « leur » projet : celui de fabriquer des travailleurs responsables au service d'une élite.
C'est une attaque en règle contre nos pratiques, nos modes de vie et nos espoirs.
On ne peut pas dissocier cette annonce de dernière minute de la politique actuelle d'aseptisation de la ville (la gentrification des dernières « zones sensibles » du centre-ville, les rafles de sans papiers et les expulsions express d'habitats squattés)
Quelle vérité se cache derrière ce projet de délocalisation dans la périphérie lointaine, si ce n'est de bouter hors de la cité des indésirables crève la faim?
Les élus évoquent, sans aucune garantie, la multiplication des « sites de stockage » éloignés des uns des autres et sous-entendent, au détour d'une phrase, leur volonté d'assigner l'espace à chaque type de pratique : Autrement dit, tout le monde reste dans sa case, on ne mélange pas les torchons avec les serviettes.
Par la négation de l'interdisciplinarité, il y a la volonté de mettre en place un cloisonnement des pratiques pour revenir à la seule vision de l'art tolérée par le pouvoir : celle d'une expression individuelle à but marchand.
« Qu'on garde les artistes qui produisent et qu'on se débarrasse des autres ! » déclare Thierry Philipp, maire du 3ème arrondissement à la presse.
Comment quantifier la productivité artistique si ce n'est en terme de rentabilité économique ?
La mairie tombe enfin le masque en donnant cette vision de l'artiste comme producteur de richesse avant d'être « faiseur d'art ».
En d'autres temps, le pouvoir brûlait publiquement les œuvres jugées subversives. Aujourd'hui, la méthode est à peine plus subtile : on bétonne, on démolit à coup de pelleteuse et on délocalise dans un placard à balai les bons élèves où ils finiront tranquillement leur processus de soumission déjà bien entamé, et on expulse la plèbe au fond du caniveau.
« Quand on vient sans projet, ça s'appelle squatter ! » nous dit encore Thierry.
Loupé camarade, squatter c'est déjà un projet à part entière !
Mais pour les élus, le bénéfice est double : on se donne la caution de mécène au grand cœur en relogeant une partie du projet, et on se garantit au retour les espèces sonnantes et trébuchantes des artistes professionnels, responsables et fréquentables.
En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas dans une situation de discussion ou de dialogue puisque si ils voulaient nous écouter ils proposeraient des choses moins insultantes pour permettre de continuer ce qu'est la Friche RVI.
Il est donc inutile de se placer dans la demande.
Nous proposons plutôt de dire et de tenir le fait que nous ne partirons pas. Notre force étant une capacité d'organisation collective, notre immense réseau de connaissances, la puissance de nos imaginaires.
Si, après ça, la triste preuve est faite qu'il nous est impossible de conserver un espace physique dans notre ville alors nous inventerons d'autres manières de faire exister ce que nous sommes.
La Friche RVI a été acquise par la lutte,...... pour la garder...... seule la lutte payera !!!
Restez à l'écoute, des actions restent à prévoir....

Texte issu de membres du collectif Réso, basé à la friche rvi. J'ai hésité à souligner des passages...Je vous laisserai dégager les choses importantes.

Toutes informations supplémentaires sur la friche, sur ce qu'il s'y passe (en ce moment notamment) sont disponibles sur leur site internet : http://www.friche-rvi.org/

M.

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